


K COMME KIOSQUE Par définition, les kiosques – comme ceux que l’on trouve généralement le long des promenades de bord de mer des stations méditerranéennes –, font appel à de la construction légère, démontable, et donc durable. Car ce qui dure, c’est ce qui est capable de changer. [ + ]
K COMME KIOSQUE
Par définition, les kiosques – comme ceux que l’on trouve généralement le long des promenades de bord de mer des stations méditerranéennes –, font appel à de la construction légère, démontable, et donc durable. Car ce qui dure, c’est ce qui est capable de changer. La pérennité de la construction s’avère de plus en plus problématique. Travailler sur les kiosques représente donc l’opportunité de réfléchir à l’occupation temporaire de l’espace littoral, soumis à un ensemble de contraintes et de risques toujours plus alarmants.
L’économie des ressources énergétiques et matérielles s’exprime à travers des modules à remplacer ou démonter en fonction du changement de destination future du bâtiment. Conscients que l’immuabilité des bâtiments contemporains ne peut être considérée comme elle l’était il y a 100 ans, et qu’il parait absurde de vouloir construire de manière pérenne dans un monde soumis à des évolutions difficiles à appréhender, nous plaidons pour une stratégie vertueuse, permettant à l’architecture de voir ses composants démontés, réutilisés et recyclés. Le foncier devient réversible, pas l’architecture. C’est ce que Jean Prouvé appelait « l’anticipation de la construction », que les anglophones interprètent en « conception design for deconstruction » ou « design for disassembly ». Il n’est pas question d’embrasser la question littorale par la monumentalité ou la pérennité de l’architecture, mais plutôt par ce qui en constitue l’ordinaire, le léger et le démontable.
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Le balcon. Éloge du déjà là. [ + ]
Le balcon. Éloge du déjà là.
Après cette longue période de confinement, où chacun a vécu sans échappatoire au plus près de son logement, il faut constater combien le vécu est différent entre un appartement sans prolongement extérieur et celui qui jouit d’un balcon. Parce qu’elle est triviale, cette relation domestique au dehors n’est pas suffisamment prise en considération.
Nous voyons, au contraire, le balcon comme le catalyseur d’une réflexion en profondeur sur la décompaction de l’immeuble de logement pour le rendre poreux, traversant, ouvert. Il accueille la nature « à tous les étages » et rend ainsi le logement hospitalier aux ambiances urbaines, au climat, aux saisons. Il a aussi été une pièce en plus bienvenue, dans laquelle on déplace des meubles de l’intérieur vers l’extérieur, servant tour à tour au repos, aux jeux des enfants et même au travail. Enfin, il a été le lien constant entre les espaces intimes et publics, l’entre-deux où s’affichent les voisinages reconquis et des sociabilités nouvelles. Faisons du balcon le fondamental d’un nouveau design architectural et urbain !
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« C’était drôle de revenir dans ce genre d’endroits. Chaque week-end, des familles venaient là pour faire des projets, acheter une table de ping-pong ou du papier peint, avant d’aller manger un T-bone avec des frites, ou se taper la cloche dans un buffet chinois à volonté. [ + ]
« C’était drôle de revenir dans ce genre d’endroits. Chaque week-end, des familles venaient là pour faire des projets, acheter une table de ping-pong ou du papier peint, avant d’aller manger un T-bone avec des frites, ou se taper la cloche dans un buffet chinois à volonté. Hélène avait connu ces récréations hebdomadaires, les dépenses qui annulaient les semaines toutes identiques, le baume des petits achats inutiles. Elle aussi avait dérivé des heures avec ses parents dans ces archipels de béton, de hangars en parkings, remplissant des caddies et rapportant à la maison une plante ou un coussin, une quelconque babiole qui semblait rendre la vie plus supportable. À présent, quand il lui arrivait de traverser une zone du même genre, elle était prise d’une sorte de dégoût. Elle voulait aussitôt mettre le plus de distance possible entre elle et ces enseignes universelles. Mais ce jour-là, en contemplant le rond-point qui desservait un Saint-Maclou, le club de fitness et un magasin de literie, elle avait au contraire éprouvé un grand sentiment de tendresse. »
Nicolas Mathieu, Connemara, 2022
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